Arnaud MARTIN
Titre 2
"Une tache presqu'humaine. Un presqu'humain qui serait une tache. On voit ici des taches d'êtres. Des sacrilèges d'espace, et de vibrantes blessures d'univers.
Des crues paroles d'abîme, âpres et cinglantes, fragiles comme un fragment éclaté, implacables comme une faille d'univers.
Et la tragédie de l'existence n'en finit pas de surgir des profondeurs, et les surfaces n'en finissent pas de brûler dans le presque rien.
Art de brûlots. Art de cendres et de sombre sacralité.
Dans la grotte intime, Arnaud MARTIN saccage tous les miroirs de l'art. Il affronte les ténèbres. Il les accule. Et ses impensables créatures, archaïques et ultimes, ensemencent le vide.
Elles saignent dans l'opacité sans limite. Elles bouleversent l'étendue. Un être innommable, incertain, spectral et précaire, hante à vif ces creux humains durement crées. Eternelle inguérissable mémoire de corps, seul lieu de vie habitable dans la nuit infinie de l'univers. A travers les obscurs tressaillements de la lumière, Arnaud MARTIN ose faire parler l'opacité : L'opacité prend l'espace, et l'espace est possédé. Art incantatoire et magique. Art de la possession.
Arnaud MARTIN, maître en exquises d'humanité est de la race des acharnés. Il défigure crûment les apparences. Il a le sens aigu du gouffre et des formes vives qui s'étreignent sourdement.
Il a le sens de la nuit et de la silhouette surgissante et mordante .Droit sur les noirceurs, il racle le fond. Mais la toile respire. De ciselés dessins sont récemment apparus, tous tracés au scalpel, aigus comme des pointes de ciel. Infimes scénographies ensorcelées".
Christian Noorbergen
(critique d'art à Artension)
"En quête de nuit" :
"Arnaud Martin peint depuis sa nuit, il peint depuis sa grotte. Et c’est ainsi que son imaginaire est infini. Il ne cesse de révéler les formes spectrales fluorescentes que les ténèbres, par la révélation de l’artiste, ne parviennent plus à saisir. Nous avons accès au négatif de notre monde en plein jour. L’artiste crée des chimères où le végétal et l’animal se mêlent à la personne humaine pour en faire un symbole. Si ces hommes-totem-épouvantails-gargouilles, rappelant les êtres des visions de l’enfer de Jérôme Bosch, semblent irradiées c’est qu’ils sont porteurs de la lumière. « Ma quête se fait la nuit, c’est là qu’apparaissent les fantômes, les monstres, c’est là que naissent les contes de fées, les cauchemars, et c’est ce qui me nourrit. » Arnaud Martin n’a pas quitté l’enfance, et avec obsession, il se fait archéologue pour aller chercher au plus profond de lui l’idée qu’il se fait du beau. La mort est là, bien sûr, très souvent. La sexualité aussi. Tout art est mise-en-scène de la mélancolie et cela passe par la représentation d’une chair éphémère. L’Espérance point tout de même au milieu de têtes coupées, des traces de sang, car une âme lévite au-dessus de son corps et surtout parce que tout fut convoqué pour se mettre au service de la beauté. Nous avons ainsi cheminé avec le peintre comme dans un poème surréaliste, sans tout comprendre et sans savoir pourquoi nous l’avons suivi. Nous avons renoué avec l’enfance, ce cocon où nous avons si souvent joué à nous faire peur. Et nous nous sommes pris à rêver d’une couleur fluorescente au milieu de la nuit". Sept.2021 Maximilien Friche (écrivain)
"De la fuite comme blessure :
L'art de peindre prend acte de l'impossible réquisition de la couleur du temps. Une peur s'installe, se situe, se montre devant la toile, plus que dans ses plis ( ceux de l'improvisation de l'acte même de peindre), trempe et tremble d'une opération entre le discernement et une faille : où aller quand du dessin on entre pour affronter les ténèbres. L'univers s'entend, s'étire, se marque, tel un feu venu de cette feinte, soi de reconnaître la loi. La loi qui régit les couleurs dans leur ontologie du sacré. Un sacré qui donne « sens à la nuit » du temps fantôme.
Chez Arnaud Martin, l'art du traitement de toute figure passe par l'insoumission à l'histoire, celle d'une peinture figurative. La figure est exhaustive ou exsangue de tout réalisme ou interprétation symbolique qui vide le temps de ses archaïsmes (fissure de la mémoire). Ici, des « créatures » (non archaïques) sortent ou rentrent de leur figure (la pesanteur du corps humain devant ses peurs), pour affoler le schème symbolique le squelette d'une action, son dessein), le retirer ou l'interner dans l'impensable risque d'une résolution picturale. Le peint met en avant un état hybride où l'ombre et la lumière blessent la couleur, jusqu'à montrer la forme, une sorte d'existence qui nous peuple.
Un rêve affronte l'animal, celui qui jaillit d'un « soleil noir », le rêve d'animaux oubliés. C'est le sexe d'un nouveau monde. Arnaud Martin poétise la peinture. Il lui libère cette lumière au bord du réel, pour contourner le format défini par le peintre. De ces contours sort l'improvisation de l'être et son contraire. C'est cet œil qui fait souffrir un corps qui naît. Ni humain ni animal. Un nombre inconstant de corps-animaux qui dévie d'une mémoire observant. Des créatures qui ensemencent le vide dans les cendres du présent amer. Dans un effondrement des ténèbres. Les couleurs sautent à l’œil, elles semblent nous parcourir dans les sables dissous de nos paroles indistinctes.
On comprend mieux cette blessure qui se dresse au retour de ces corps ancestraux."
(Thierry Texedre, Janvier 2021)
« Dans la peinture d'Arnaud, la clarté détermine son propre chant. Chant construit, déconstruit, fuyant. Dans cette fuite, la lumière sculpte la figure et structure le rayonnement de la forme. La lumière fut, la lumière est, force vitale d'où émanent les ombres. Celles de l'espace pictural, mais également les nôtres : ce sont bien nos fantômes qui sont convoqués dans cette oraison picturale toujours en quête d 'une solitude qui attend son tour. Tourbillons et vertiges convoqués par l'absence. Enterrés les déserts, enferré l'éphémère. Nous valsons dans cette hésitation où la forme prend la lumière d'autres corps. Valsons encore dans ces contrastes, miroirs à double tranchant qui maintiennent les vieux hasards. Valsons toujours dans l'adieu aux référents classiques brûlant les souvenirs inutiles. Valsons enfin dans le désaveu arrogant des exils de la raison, dans l'attente de la figure qui incarnerait toutes nos faiblesses. Mais, impériale, la peinture d'Arnaud toujours nous échappe et prend le chemin sans nous. »
Natacha Banaix (sculptrice)
"Est-il un peintre ou un dessinateur, l’homme qui décrit l’humanité et les fardeaux qu’elle porte, ou un humoriste, qui aime à surprendre, est-il sombre comme l’angoisse ou coloré … ?
Il est tout ceci. Sa peinture est parfois très sombre et très belle, très frappante, mais on trouve aussi dans son œuvre des accès de couleurs.
Les œuvres que j’ai vues de lui, sont des dessins, un peu baroques, un peu étonnant, pas loin de tracés comme des gravures. Travail sympathique, plongée dans un monde un peu fantastique.
Il peint aussi, et de façon profonde. Il y a là moins de gaieté et de sourire et davantage d’ombres et «d’humeurs noires »
Arnaud Martin est un jeune peintre à suivre ".
(Pascal Ordonneau, Novembre 2019)
"Arnaud Martin se présente comme un peintre autodidacte, anarchiste. Il s'intéresse au nihilisme, à l'expressionnisme, à l'animisme et à la mélancolie.
Il vit à Maisons-Alfort, près de Paris, si près du centre d'activité et en même temps si loin des cercles artistiques qui siègent dans la bien nommé capitale des arts.
Arnaud crée depuis longtemps une œuvre artistique singulière qui au fil des ans a acquis l'identité d'une mythographie personnelle, dans le sens d'une adaptation ciblée de caractère social et antisocial.
Ses figures apparaissent comme les fantômes d'une dialectique qui existent en changeant de place et de corps, en devenant humains ou animaux. Ils visent à devenir quelque chose d'inconnu, un entre deux. Arnaud cherche l'homme, étrangement non pas parmi les hommes mais parmi les obscurs symboles ancestraux qui habitent ses toiles".
YANNIS LIVADAS (poète)
"Arnaud MARTIN est peintre, et poète. Ces deux casquettes sont-elles redondantes ou, au contraire, complémentaires ? Pour nous, il faut voir les choses d’un œil détaché, presque extérieur à celui de nos ressentis. Les poèmes d’Arnaud sont noirs, ou dégagent cette sorte de fureur rentrée de ceux qui se sont trop longtemps tus. Pourtant, Arnaud s’exprime, par la plume et le pinceau.
Ce pinceau dégage des formes tour à tour rassurantes et angoissantes, de jets comme autant d’éléments viscéraux qui devaient, d’une façon ou d’une autre, sortir d’un corps au centre de ses nombreuses toiles.
De sa plume ils jaillissent également, ces mots ou maux de l’âme, de qui est le corps ? De qu’est-ce que la vie ? Du pourquoi de ces interrogations, du qui possède les réponses, si toutefois réponses il faut y apporter.
Un univers ne peut définir une personne, mais peut très bien entrer en résonance auprès d’un tiers. Nul doute que l’art d’Arnaud nous heurte, nous fragilise, nous déstabilise, comme pour mieux nous remettre d’équerre, nous mettre un coup de jus pour réalimenter un cœur en panne.
Noir, sombre, et pourtant teinté d’un sentiment plus léger, loin derrière les premières sensations déconcertantes. Nous nous surprenons à lire (autant dans les écrits que dans les couleurs) le tréfonds de nos âmes. Tourmentées. Combien même nous ne laisserions rien paraître. Oui, il peint la toile de nos obscures pensés, il décrit en peu de mots ce que nous avons tous un jour ou l’autre ressenti.
Ces poèmes, courts, instantanés, définitifs sont évidemment le reflet d’un travail intense, de celui d’une vie passée à assembler des pensés et à la restituer telles qu’elles devaient l’être, telles qu’elles doivent être. Bien sûr, cela laisse des traces sur nos corps, mais qu’importe, car l’apport est salutaires, nous permet de respirer un peu plus fort, un air un peu moins vicié.
Renaissance des lumières, que ce nom colle bien à son propos. La renaissance, cet acte tellement surjoué qu’il en devenait vide de sens. Ici, il retrouve son contenu, son essence, à travers une lumière qui finalement, même au plus fort de la nuit, ne cesse de nous guider". (LITZIC Blog Janvier 2019)